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LES BRODERIES DE TÉTOUAN, SALÉ ET RABAT


Tétouan

Les broderies de Tétouan sont fortement influencées par les traditions artistiques hispano-mauresques et turques, celles-ci étant imprégnées des arts d'Asie Mineure, de Transcaucasie et des Balkans.

Les motifs stylisés s'inspirent de la nature (fleurs, feuilles et fruits). Ils sont réalisés sur des étoffes précieuses : étamines, toiles très fines de lin et soies colorées.

Les fils de soie à brins très fins sont souvent de couleurs vives et offrent au regard une magnifique polychromie toute en contraste.

Différents points participent à l'élaboration des ouvrages : passé plat empiétant, point lancé carrelé, point de trait massé et quelquefois le point de reprise.

Les modèles sont aussi réalisés avec des fils de coton. La perfection des broderies est telle que l'envers est aussi remarquable que l'endroit.


Salé

L'immigration des musulmans d'Espagne au début du XVII° siècle vers Salé explique les influences persanes et syriennes, elles-mêmes inspirées du style andalou. Par la suite s'ajouteront des éléments décoratifs occidentaux.

La technique est celle des points comptés. On en distingue plusieurs sortes : point de trait, point bouclé (afin que la pièce soit parfaite des deux côtés), point natté et point de croix (quand une seule face est visible).

Les ouvrages sont soit monochromes (noirs ou rouges), soit polychromes, jaunes, bleus, rouges et verts, quelquefois jusqu'à sept couleurs à l'instar des tapis de Rabat.

Les motifs présentent une grande variété de formes géométriques, uniquement arborescentes et florales. Les éléments géométriques sont essentiellement utilisés pour la composition des galons et des bandes. Parmi les motifs décoratifs, on remarque surtout des fleurs (lys, tulipe, œillet). Quant aux arbres, souvent des cyprès, leur forme est soit verticale, soit oblique. Dans tous les cas, éléments géométriques et motifs décoratifs sont toujours liés.

Rabat

La broderie de Rabat est directement influencée par les traditions artistiques des morisques expulsés d'Espagne au XVII° siècle. Les apports de la renaissance espagnole caractérisent les motifs. Cependant les influences africaines vont modifier le caractère architectural andalou pour aller vers un style floral, ce dernier étant inspiré aussi de modèles européens. On remarque également dans les broderies anciennes des compositions similaires à des silhouettes humaines.

Deux styles de broderies se côtoient : l'une monochrome et massive, la deuxième polychrome et contrastée. Les tissus, quant à eux, sont identiques : lins, cotons et soies brillantes.

Les points utilisés sont, pour les broderies anciennes, le point de feston plat et le point natté, pour les broderies modernes, le point plume et le point plat. Les fils de soie souvent utilisés donnent vie et lumière aux broderies. Une seule couleur se pare alors de mille tonalités chatoyantes.

  Extraits de "Maroc, un enseignement pluriculturel, 1912-1956,
école musulmane pour fillettes à Oujda"
, Yveline Gans-Garaudée