Le
sourire lumineux qu'elles arborent…
Juillet
2007. Premier séjour à Oujda. Je fais la connaissance
de Zahra Zaoui, avocate, cofondatrice du Centre d'hébergement
pour les femmes et présidente de l'association qui va
gérer cette structure, Aïn Ghazal (
"La source
de la gazelle"), jusqu'en 2009. La présidente
est actuellement Nezha Jaada.
La rencontre avec Zahra Zaoui et la visite du Centre
d'hébergement qui accueille des femmes en grande détresse
m'amènent à porter un regard différent sur le Maroc
: je ne suis plus une simple touriste, je prends conscience
des difficultés auxquelles se heurtent ces femmes. Le
sourire lumineux qu'elles arborent cache les blessures
de leur âme et les souffrances physiques cachées par
pudeur et sans doute par peur. Sans travail elles ne
peuvent espérer l'indépendance financière et surtout
l'intégrité, tant morale que physique.
Aussi,
avec l'approbation de Zahra Zaoui et du bureau de l'association
dont je fais désormais partie, j'ai pu créer un atelier
de broderie. Les documents conservés par ma grand-mère
sont mis à la disposition des formatrices afin qu'elles
puissent assurer un enseignement respectueux des caractéristiques
des broderies marocaines. L'objectif de l'apprentissage
est de redonner à ces femmes confiance en leurs capacités.
L'accession à une activité génératrice de revenus leur
permettra d'être indépendante financièrement et aussi
de participer à l'essor économique du Maroc.
La pérennité de l'atelier de broderie est nécessaire,
car de nombreuses femmes sont concernées. De décembre
2008 à mars 2009, une formatrice a pu être rémunérée
grâce au Zonta Club Aix-en-Provence Sainte Victoire,
club service dont j'étais membre. A titre indicatif,
l'enseignante était payée 100 € par mois et assurait
20 heures de cours par semaine, le Smic marocain se
situant entre 180 et 200 €.
Plusieurs
aides sont envisageables : adhésion à l'association
Aïn Ghazal, ventes de produits manufacturés. Dans un
premier temps, pour aider financièrement au fonctionnement
de l'atelier (rémunération d'une formatrice, achat de
matériel), les marque-pages de ce site représentant
des motifs de broderies seront prochainement mis en
vente.
La Fondation Mohammed V pour la solidarité a parrainé
ce centre, inauguré par sa majesté Mohammed VI.
En
octobre 2009, je visite cette fois-ci le Centre socio-éducatif
d'Aghbal, à environ 30 km d'Oujda. Créé sous l'impulsion
de l'association Aïn Ghazal, il a pour vocation de promouvoir
le développement du douar, dans une région isolée. J'y
rencontre une jeune femme dynamique et responsable,
Fedoua Berrchid, qui en coordonne les activités avec
un grand dévouement.
Le
Centre, créé en 2001, assure la scolarité de
huit jeunes enfants (cours élémentaires et moyens) habitant
les fermes de la région. L'éloignement des habitations
et l'inexistence de transport scolaire sont un frein
à une plus grande fréquentation scolaire. L'enseignement
est assuré par deux institutrices, payées par le gouvernement.
L'achat des fournitures annexes (livres, cahiers…) provient
essentiellement de dons. Parallèlement, une salle accueille
des ateliers de broderie, de tissage et de tricotage
: cet enseignement est destiné aux femmes d'Aghbal,
afin qu'elles aient une activité génératrice de revenus.